Le Dropt dans l' Histoire |
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Du début de l'ère des Valois à la fin de la Guerre de Cent Ans de Philippe VI (1328) à la bataille de Castillon (1453) |
1328 : Avènement de Philippe VI de Valois
Les trois fils de Philippe IV le Bel étant
morts sans héritiers mâles, la couronne de France passe, du fait de la loi salique, des Capétiens aux
Valois ( voir le tableau
généalogique familial ) : Philippe de Valois, neveu de Philippe IV, est reconnu Roi par les
barons du royaume qui écartent Philippe d' Evreux, également neveu de Philippe
IV, mais « d'un second lit » de Philippe III.
Le roi d’ Angleterre Édouard
III, petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère
Isabelle (ou Isabeau), se sent spolié : ce
sentiment sera une des causes immédiates de la Guerre de Cent Ans.
1337 - 1453 : la guerre de Cent Ans (généralités)
(voir plus bas la guerre de Cent Ans « vécue par les habitants de la vallée »)
Cette guerre oppose sur plus d'un siècle la dynastie
française des Valois et les dynasties anglaises des Plantagenêt puis des
Lancastre, mettant en jeu problèmes de succession, alliances
matrimoniales, abdications, folie, etc...
Le
tableau généalogique
des souverains des deux pays doit permettre de suivre les différentes phases de ce conflit.
1337 - 1360 : victoires anglaises
1337 : Philippe VI confisque la Guienne Anglaise. Édouard III réplique en revendiquant le royaume de France : c'est le début de la guerre... une guerre - coupée de trêves - qui durera plus d'un siècle.
Édouard III et son fils, « le Prince Noir » - ont d'abord l'avantage :
1360 : Le traité de Brétigny scelle la fin (provisoire) du conflit :
renonçant à la couronne de France, Édouard III reçoit en pleine souveraineté
(en plus d'autres
territoires) une grande Aquitaine, comprenant entre autres la
Guienne, le Périgord et l'Agenais.
Le licenciement par le Roi de France
des soldats mercenaires qu'il avait engagés est à l'origine de la formation
des Grandes Compagnies qui mettront la France au pillage. A l'inverse,
les Anglais avaient engagé à leurs côtés des troupes alliées gasconnes (les
chroniqueurs parlent d'ailleurs des « Anglo-Gascons »).
La Vallée du Drot est entièrement anglaise en 1360
1360 - 1404 : redressement français
1362 : Édouard III érige le duché d'Aquitaine en principauté et en
confie le gouvernement à son fils Édouard, prince de Galles .
Le « Prince Noir », maintenant «
prince d'Aquitaine », intervient - victorieusement - dans la succession de
Castille (1366-1367) mais l'expédition est très onéreuse et le contraint à
lever de nouveaux impôts. Le Comte d'Armagnac et le sire d'Albret refusent de
payer et font appel au Roi de France qui prononce la confiscation de l'Aquitaine
(1368).
1369 : Il s'ensuit la reprise des hostilités. Les Français,
abandonnant les grandes opérations, livrent une guerre d'usure faite de sièges et
d'escarmouches. Ils trouvent en Bertrand du Guesclin un meneur d'hommes qui
débarrasse le royaume des
Grandes Compagnies.
De leur côté, les Anglais opèrent par
grandes chevauchées accompagnées de pillages et de massacres.
En 1375 les Français ont ainsi
repris aux Anglais la plus grande partie de leurs possessions à l'exception,
dans notre région, de Bayonne et Bordeaux.
1380 : Mort de Charles V. Anglais et Français concluent alors
jusqu'en 1404 une série de trêves fragiles qui pouvaient déboucher sur la
paix. Le mariage du Roi d'Angleterre Richard II avec Isabelle, fille du Roi de
France, aurait dû consolider cette tendance.
La Vallée du Drot est entièrement française en 1404.
1404 - 1422 : une régence anglaise
1404 : les Français, voulant profiter d'une révolte des Gallois
contre les Anglais, reprennent les hostilités mais ils échouent en Guienne.
La position des Français est
affaiblie : folie de Charles VI; rivalité des Princes du sang qui culmine en
1407 avec l'assassinat de Louis d'Orléans, frère du Roi, assassinat
commandité par Jean sans Peur, duc de Bourgogne. La France est désormais
divisée entre Armagnacs et Bourguignons.
Henri V d'Angleterre va profiter de
cette situation :
1420 : Traité de Troyes : ce traité déshérite le Dauphin, le futur Charles VII, au profit de Henri V qui épouse Catherine de Valois, fille de Charles VI. Le royaume de France est ainsi divisé en trois :
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1422 : Mort de Charles VI et d'Henri V. Henri VI d'Angleterre (âgé de un an) est proclamé roi d'Angleterre et de
France (il sera sacré roi de France à Paris en 1431). Le duc de Bedford, son oncle, assure la Régence.
Dans le même
temps, le dauphin Charles se proclame Roi de France sous le nom de Charles
VII ...
1423 - 1453 : la victoire française
C'est de Bourges que, galvanisé par Jeanne d'Arc, Charles VII va retourner peu à peu la situation.
Le duché de Guyenne - comprenant la vallée du Dropt - est incorporé au domaine de la couronne de France.
La guerre de Cent Ans vécue par les gens de la vallée
Jusqu'en 1438, le théâtre des grandes opérations militaires se situe bien
au Nord de la vallée du Drot. Aux confins de la
Guienne Anglaise, de l'Agenais et du Périgord (parfois) Français, la vallée n'en est
pas pour autant totalement épargnée par les méfaits de la guerre : les
chroniques locales font état d'actions limitées, de pillages, d'exactions
diverses. A la guerre contre l'Anglais, s'ajoutent les querelles entre
seigneurs voisins, les raids des «
Grandes Compagnies » ou de nobles dévoyés
, comme Durfort de Duras.
« Les villes, villages, châteaux
furent ruinés et démolis, les maisons civiles ou religieuses saccagées, les
églises [...] incendiées. Les populations, - oppressées, razziées, pillées
par les partis adverses, les
Grandes Compagnies, les bandits de grand chemin,
nobles ou vilains - se révoltèrent parfois.[...] La misère s'installa en
maîtresse dans notre pays.»
Histoire de l'Agenais - abbé Guignard - 1941
Quelques exemples donnent une idée
de la nature du conflit et des difficultés de la vie des
gens du Drot dans ces temps troublés.
1345 : Henri de Lancastre, comte de Derby, envahit une partie de l'Agenais et du Périgord. Villeréal, puis Castillonnès (après un siège) passent aux mains des Anglais : « la ville (Castillonnès) fut emportée d'assaut et le pillage, le meurtre et l'incendie assouvirent la rage des Anglais » (J-J Oscar Bouyssy)
1376 : Adresse de l'évêque d'Agen au Pape Grégoire IX : « des fils d'iniquité dans la cité d'Agen et dans le diocèse, sous le prétexte des guerres qui éprouvent le pays, ne craignent pas, par des actes de violence, de prendre, détenir, jeter en prison, soumettre à la torture, accabler de coups, livrer à la mort et aux cruelles souffrances, pour les forcer à se racheter, les clercs et les personnes d'église, séculiers et réguliers; de dépouiller, prendre, ruiner, occuper, démolir, incendier les églises, les monastères, les hospices et autres lieux ». (
Archives du Vatican)1377 : le duc d'Anjou
entre en Guienne avec le connétable du Guesclin et met le siège devant
Bergerac avec la mise en œuvre d'une machine de guerre, sorte de catapulte
capable de projeter des blocs de pierre et d'amener une centaine d'hommes
d'armes à proximité des murs de défense des assiégés. Froissart relate longuement ce siège (tome IX - pages
8-16) (cette machine, que
Froissart appelle
la truie
se trouvait alors à La Réole) : « or
eurent conseil chil de l'oost pour leur besoingne approchier et pour plus grever
leurs anemis, que ils envoyeroient à Le Riole querre un grant engien que on
appielle une truie, liquel engiens était de telle ordonnance que il gettoit
pierre de fais, et se pooient bien C hoimmes d'armes ordonner dedens et en
approchant assallir la ville ».
Le convoi fut intercepté par les
Anglo-Gascons au Sud d'Eymet : de nombreux soldats « ennemis se
noyèrent dans le Drot au lieu-dit le Gua de Roupy (appelé encore naguère le
« Trou des Anglais »). Après un rude combat, le convoi put reprendre sa route
jusqu'à ... la porte Sud d'Eymet, trop étroite pour son passage et qu'il
fallut abattre en partie. Cette porte est appelée depuis lors la « Porte de
l'Engin » et donne sur la « Rue de l'Engin».
La truie finit par arriver à
Bergerac : à la seule vue de l'engin, « Bergerach se rendi françoise
»
1377 : Au
cours de cette campagne, le duc d'Anjou établit son camp devant Duras. Froissart évoque (tome IX - pages 20-24) le siège du château qui résista une dizaine de
jours, mais fut obligé de capituler : « Et li connestables prist la
possession dou castel, mais il me semble que li dus d'Ango (le duc d'Anjou)
ordonna et commanda que il fust abatus ».
Le château fut effectivement abattu.
En 1380, le sire de Duras obtint du roi d'Angleterre la concession, pour toute
sa vie, de la prévôté de Bayonne, en dédommagement de la perte de son
château.
1439 : les chroniques évoquent un certain Rodrigo de Villandrando, d'abord chef redoutable de « routiers » qui avaient ravagé les provinces méridionales puis le Velay et le Gévaudan, ensuite secondant Pothon de Xaintrailles en Guienne pour le compte du roi de France : « Rodrigo, décoré du titre de conseiller et chambellan du roi, peut-être même de celui de lieutenant général en Guienne, entra avec 4 000 hommes dans l'Agenais [...]. La ville de Fumel, tombée en son pouvoir, lui ouvrit la porte du Périgord. Il [...] s'avança vers Issigeac, Eymet, Lauzun, La Salvetat, toutes places dont il s'empara également et où il mit des garnisons ».
(Quicherat - 1844 - Bibliothèque École des Chartes)Travail en cours ...