Bandes de mercenaires qui combattirent à la solde de Jean II et Charles V. Licenciées à la paix de Brétigny, elles mirent la France au pillage. Hommes de guerre faisant partie d'une bande de soldats d'aventures, pillards. Orthographe d'époque pour "Guyenne") truie ou truye, mot utilisé également par Rabelais, désignant (par allusion au cheval de Troie) un engin de siège capable d'amener des assaillants au pied des défenses Pothon de Xaintrailles : homme de guerre mort à Bordeaux en 1461. Compagnon de Jeanne d'Arc. Il conquit la Guyenne en 1453 et fut nommé Maréchal de France.
   Le Dropt dans l' Histoire
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"le Dropt, rivière de Guyenne, et son patrimoine"  è

Du début de l'ère des Valois à la fin de la Guerre de Cent Ans
de Philippe VI (1328) à la bataille de Castillon (1453)

      1328 : Avènement de Philippe VI de Valois

Les trois fils de Philippe IV le Bel étant morts sans héritiers mâles, la couronne de France passe, du fait de la loi salique, des Capétiens aux Valois ( voir le tableau généalogique familial ) : Philippe de Valois, neveu de Philippe IV,  est reconnu Roi par les barons du royaume qui écartent Philippe d' Evreux, également neveu de Philippe IV, mais « d'un second lit » de Philippe III.
        Le roi d’ Angleterre Édouard III, petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère Isabelle (ou Isabeau), se sent spolié : ce sentiment sera une des causes immédiates de la Guerre de Cent Ans.

1337 - 1453 : la guerre de Cent Ans (généralités)

(voir plus bas la guerre de Cent Ans « vécue par les habitants de la vallée »)

Cette guerre oppose sur plus d'un siècle la dynastie française des Valois et les dynasties anglaises des Plantagenêt puis des Lancastre, mettant en jeu problèmes de succession, alliances matrimoniales, abdications, folie, etc...
        Le tableau généalogique des souverains des deux pays doit permettre de suivre les différentes phases de ce conflit.

1337 - 1360 : victoires anglaises

1337 : Philippe VI confisque la Guienne Anglaise. Édouard III réplique en revendiquant le royaume de France : c'est le début de la guerre... une guerre - coupée de trêves - qui durera plus d'un siècle.

Édouard III et son fils, « le Prince Noir » - ont d'abord l'avantage :

1360 : Le traité de Brétigny scelle la fin (provisoire) du conflit : renonçant à la couronne de France, Édouard III reçoit en pleine souveraineté (en plus d'autres territoires)  une grande Aquitaine, comprenant entre autres la Guienne, le Périgord et l'Agenais.
        Le licenciement par le Roi de France des soldats mercenaires qu'il avait engagés est à l'origine de la formation des Grandes Compagnies qui mettront la France au pillage. A l'inverse, les Anglais avaient engagé à leurs côtés des troupes alliées gasconnes (les chroniqueurs parlent d'ailleurs des « Anglo-Gascons »).

La Vallée du Drot est entièrement anglaise en 1360

1360 - 1404 : redressement français

1362 : Édouard III érige le duché d'Aquitaine en principauté et en confie le gouvernement à son fils Édouard, prince de Galles . 
        Le « Prince Noir », maintenant « prince d'Aquitaine », intervient - victorieusement - dans la succession de Castille (1366-1367) mais l'expédition est très onéreuse et le contraint à lever de nouveaux impôts. Le Comte d'Armagnac et le sire d'Albret refusent de payer et font appel au Roi de France qui prononce la confiscation de l'Aquitaine (1368).

1369 : Il s'ensuit la reprise des hostilités. Les Français, abandonnant les grandes opérations, livrent une guerre d'usure faite de sièges et d'escarmouches. Ils trouvent en Bertrand du Guesclin un meneur d'hommes qui débarrasse le royaume des Grandes Compagnies. De leur côté, les Anglais opèrent par grandes chevauchées accompagnées de pillages et de massacres. 
        En 1375 les Français ont ainsi repris aux Anglais la plus grande partie de leurs possessions à l'exception, dans notre région, de Bayonne et Bordeaux.
        1380 : Mort de Charles V. Anglais et Français concluent alors jusqu'en 1404 une série de trêves fragiles qui pouvaient déboucher sur la paix. Le mariage du Roi d'Angleterre Richard II avec Isabelle, fille du Roi de France, aurait dû consolider cette tendance. 

La Vallée du Drot est entièrement française en 1404.

1404 - 1422 : une régence anglaise

1404 : les Français, voulant profiter d'une révolte des Gallois contre les Anglais, reprennent les hostilités mais ils échouent en Guienne.
        La position des Français est affaiblie : folie de Charles VI; rivalité des Princes du sang qui culmine en 1407 avec l'assassinat de Louis d'Orléans, frère du Roi, assassinat commandité par Jean sans Peur, duc de Bourgogne. La France est désormais divisée entre Armagnacs et Bourguignons.
        Henri V d'Angleterre va profiter de cette situation :

1420 : Traité de Troyes : ce traité déshérite le Dauphin, le futur Charles VII, au profit de Henri V qui épouse Catherine de Valois, fille de Charles VI.

Le royaume de France est ainsi divisé en trois :

  • maître de la Normandie et de Paris, Henri V se fait reconnaître par Charles VI comme légitime souverain

  • Jean sans Peur affirme l'indépendance du duché de Bourgogne vis à vis de la couronne de France

  • le dauphin Charles, dernier fils de Charles VI, tient les provinces du Centre et du Sud-Ouest, à l'exception de la Guyenne.

1422 : Mort de Charles VI et d'Henri V. Henri VI d'Angleterre (âgé de un an) est proclamé roi d'Angleterre et de France (il sera sacré roi de France à Paris en 1431). Le duc de Bedford, son oncle, assure la Régence. 
            Dans le même temps, le dauphin Charles se proclame Roi de France sous le nom de Charles VII ...
            

1423 - 1453 : la victoire française

C'est de Bourges que, galvanisé par Jeanne d'Arc,  Charles VII va retourner peu à peu la situation.

Le duché de Guyenne - comprenant la vallée du Dropt - est incorporé au domaine de la couronne de France.

La guerre de Cent Ans vécue par les gens de la vallée

Jusqu'en 1438, le théâtre des grandes opérations militaires se situe bien au Nord de la vallée du Drot. Aux confins de la Guienne Anglaise, de l'Agenais et du Périgord (parfois) Français, la vallée n'en est pas pour autant totalement épargnée par les méfaits de la guerre : les chroniques locales font état d'actions limitées, de pillages, d'exactions diverses. A la guerre contre l'Anglais,  s'ajoutent les querelles entre seigneurs voisins, les raids des « Grandes Compagnies » ou de nobles dévoyés , comme Durfort de Duras.
        « Les villes, villages, châteaux furent ruinés et démolis, les maisons civiles ou religieuses saccagées, les églises [...] incendiées. Les populations, - oppressées, razziées, pillées par les partis adverses, les Grandes Compagnies, les bandits de grand chemin, nobles ou vilains - se révoltèrent parfois.[...] La misère s'installa en maîtresse dans notre pays
                                                                                                                Histoire de l'Agenais - abbé Guignard - 1941
        
         Quelques exemples donnent une idée de la nature du conflit et des difficultés de la vie des gens du Drot dans ces temps troublés.

1345 : Henri de Lancastre, comte de Derby, envahit une partie de l'Agenais et du Périgord. Villeréal, puis Castillonnès (après un siège) passent aux mains des Anglais : « la ville (Castillonnès) fut emportée d'assaut et le pillage, le meurtre et l'incendie assouvirent la rage des Anglais » (J-J Oscar Bouyssy)

1376 : Adresse de l'évêque d'Agen au Pape Grégoire IX : « des fils d'iniquité dans la cité d'Agen et dans le diocèse, sous le prétexte des guerres qui éprouvent le pays, ne craignent pas, par des actes de violence, de prendre, détenir, jeter en prison, soumettre à la torture, accabler de coups, livrer à la mort et aux cruelles souffrances, pour les forcer à se racheter, les clercs et les personnes d'église, séculiers et réguliers; de dépouiller, prendre, ruiner, occuper, démolir, incendier les églises, les monastères, les hospices et autres lieux ». (Archives du Vatican)

1377 :  le duc d'Anjou entre en Guienne avec le connétable du Guesclin et met le siège devant Bergerac avec la mise en œuvre d'une machine de guerre, sorte de catapulte capable de projeter des blocs de pierre et d'amener une centaine d'hommes d'armes à proximité des murs de défense des assiégés. Froissart relate longuement ce siège (tome IX - pages 8-16) (cette machine, que Froissart appelle la truie se trouvait alors à La Réole) : « or eurent conseil chil de l'oost pour leur besoingne approchier et pour plus grever leurs anemis, que ils envoyeroient à Le Riole querre un grant engien que on appielle une truie, liquel engiens était de telle ordonnance que il gettoit pierre de fais, et se pooient bien C hoimmes d'armes ordonner dedens et en approchant assallir la ville ».
        Le convoi fut intercepté par les Anglo-Gascons  au Sud d'Eymet : de nombreux soldats « ennemis  se noyèrent dans le Drot au lieu-dit le Gua de Roupy (appelé encore naguère le « Trou des Anglais »). Après un rude combat, le convoi put reprendre sa route jusqu'à ... la porte Sud d'Eymet, trop étroite pour son passage et qu'il fallut abattre en partie. Cette porte est appelée depuis lors la « Porte de l'Engin » et donne sur la « Rue de l'Engin».
        La truie finit par arriver à Bergerac : à la seule vue de l'engin, « Bergerach se rendi françoise »
(Froissart)

1377 : Au cours de cette campagne, le duc d'Anjou établit son camp devant Duras. Froissart évoque (tome IX - pages 20-24) le siège du château qui résista une dizaine de jours, mais fut obligé de capituler : « Et li connestables prist la possession dou castel, mais il me semble que li dus d'Ango (le duc d'Anjou) ordonna et commanda que il fust abatus »
        Le château fut effectivement abattu. En 1380, le sire de Duras obtint du roi d'Angleterre la concession, pour toute sa vie, de la prévôté de Bayonne, en dédommagement de la perte de son château.

1439 : les chroniques évoquent un certain Rodrigo de Villandrando, d'abord chef redoutable de « routiers » qui avaient ravagé les provinces méridionales puis le Velay et le Gévaudan, ensuite secondant Pothon de Xaintrailles en Guienne pour le compte du roi de France : « Rodrigo, décoré du titre de conseiller et chambellan du roi, peut-être même de celui de lieutenant général en Guienne, entra avec 4 000 hommes dans l'Agenais [...]. La ville de Fumel, tombée en son pouvoir, lui ouvrit la porte du Périgord. Il [...] s'avança vers Issigeac, Eymet, Lauzun, La Salvetat, toutes places dont il s'empara également et où il mit des garnisons ». (Quicherat - 1844 - Bibliothèque École des Chartes)
       
Il est probable que cette chevauchée laissa des traces dans le pays...

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