La Guyenne (anct
Guienne) « une province avortée... » |
La Guyenne : « Anc. prov. française qui se confondit avec l'Aquitaine jusqu'au XIIe s. Ensemble des possessions françaises du roi d'Angleterre, après le traité de Paris (1259), elle comprenait le Limousin, le Périgord, le Quercy, l'Agenois, une partie de la Saintonge et la Gascogne. Définitivement reprise par la France en 1453 (bataille de Castillon), elle fut donnée en apanage par Louis XI à son frère Charles (1469), puis revint à la Couronne. Elle forma avec la Gascogne, la Saintonge, le Limousin et le Béarn, un grand gouvernement qui avait Bordeaux pour capitale. » (Le petit Robert des noms propres - éd. 2002.)
Les origines |
« Anc. prov. française qui se confondit avec l'Aquitaine jusqu'au XIIe s »
L'expression « la Guienne » apparaît - semble-t-il - au XIIIe s.
J.F Samazeuilh
date cette naissance du traité de Paris (1259) : «
Il paraît que c'est à dater de ce traité que l'Aquitaine prit le nom de
Guyenne, du mot aygues - eaux - ce qui n'était au reste que perpétuer
l'étymologie primitive ».
Il est plutôt admis aujourd'hui que «
la Guienne » résulte d'une corruption de « l'Aquitaine » par les ducs
d'Aquitaine Plantagenêt, également rois d'Angleterre : l'Aquitaine ... [l'Aquienne
... l'Aguienne] ... la Guienne. Les deux expressions sont très proches phonétiquement.
Montaigne (Michel Eyquem de)
propose une
explication originale : « il semble y avoir en la
genealogie des Princes, certains noms fatalement affectez : comme [...] en
nostre ancienne Aquitaine des Guillaumes, d'où l'on dit que le nom de Guienne
est venu » (Guillaume = Guilhèm en occitan); Montaigne évoque une lignée
de Guillaume, comtes de Poitiers, ducs d'Aquitaine - XIe-XIIe
s).
Le terme de « Guyenne » n'apparaît
que plus tard alors que la région est rattachée au royaume de France.
La Guienne et le traité de Paris |
« Guienne : ensemble des possessions françaises du roi d'Angleterre, après le traité de Paris (1259) »
Le traité de Paris de 1259çç définit tout le territoire, au sud-ouest de la France, tenu en fief par les Plantagenêt (Saintonge, Angoumois, Limousin, Périgord, Gascogne), territoire qui constituera la Guienne . Voir la carte ci-contre, extraite de Gardiner's Atlas of English History (Gascony=Gascogne)
Le duché d'Aquitaine, successeur lointain de l'antique Aquitaine seconde, avait auparavant pour cœur la région bordelaise et, au sud, longeait l'océan jusqu'à la Navarre (approximativement les départements actuels de la Gironde et des Landes et la région bayonnaise). La Gascogne était rattachée depuis 1058 à l'Aquitaine des comtes de Poitiers, ducs d'Aquitaine, mais avait gardé son identité politique et institutionnelle (la carte distingue même Gascogne et Guienne). Enfin, du fait de ce traité, le Roi de France Louis IX (Saint Louis) agrandissait le duché par la cession de ses droits sur le Périgord, le Quercy (sous certaines réserves qui ne seront jamais levées) et même le Limousin.
En 1259, l'Agenais faisait partie du Comté de Toulouse. Il avait été donné en dot en 1195 par Richard Cœur de Lion à sa sœur Jeanne d'Angleterre qui épousait Raimond VI, Comte de Toulouse.
La Guienne pendant la guerre de Cent Ans |
« La Guienne est définitivement reprise par la France en 1453 (bataille de Castillon) »
Les limites de la Guyenne varièrent avec les vicissitudes de la domination anglaise. Les cartes ci-dessous (Gardiner's Atlas : carte de 1360 et carte de 1429) illustrent l'amplitude de ces variations : 1360, traité de Brétigny - Calais, au plus fort des victoires des Plantagenêt; 1429, prise d'Orléans par les Français (avec Jeanne d'Arc), prémonitoire de la défaite anglaise, la Guyenne anglaise se réduit comme peau de chagrin.
la Guienne en 1360 | la Guienne en 1429 |
La conquête de la Guienne par les Français s'achève en 1453 par la bataille de Castillon suivie de la prise de Bordeaux. La Guienne est alors unie au domaine royal français. Ce lien sera définitif malgré une ultime et vaine tentative de reconquête de la Guyenne en 1512 par Henry VIII.
La Guienne après la guerre de Cent Ans |
« La Guienne est donnée en apanage par Louis XI à son frère Charles (1469), puis revient à la Couronne »
En 1469, le roi de France Louis XI, cherchant à éloigner son frère Charles de France qui aspire au pouvoir, lui donne en apanage le duché de Guienne. Charles décédant sans héritiers en 1472, à l'âge de vingt ans, la Guienne retourne (définitivement) à la Couronne de France.
« Un grand gouvernement qui avait Bordeaux pour capitale »
Le pouvoir central forma bientôt avec les pays de la Guienne un gouvernement militaire le plus vaste de France (6 744 500 hectares - Béarn et Pays Basque non compris - soit environ 1/8ème de tout le pays).
Le gouvernement général de Guienne (1614) (Extrait Galllica/BnF)
Gouvernement général de Guienne ( États Généraux de 1614 ) : Cette carte du début du XVIIes se caractérise par la maladresse du tracé des limites du gouvernement et du cours des rivières ... Le Gouvernement de Guienne s'étend vers le Sud jusqu'à l'Espagne; ses limites au Nord et à l'Est sont constituées par la Saintonge, le Limousin, le Quercy et le Rouergue. Glossaire : gouvernement |
( Aller sur le site Gallica/BnF pour voir la carte entière)
Le gouvernement général de Guienne et Gascogne (1733) (Extrait Galllica/BnF)
Gouvernement général de Guienne
et Gascogne Dédié au Roy. Dressé sur les Mémoires et Nouvelles observations de Messieurs de l'Accadémie Royalle des Sciences. (Bernard-Antoine JAILLOT, géographe Ordinaire de Sa Majesté)
Le Gouvernement Général de Guienne et Gascogne est alors le plus étendu de
France. (voir le détail des provinces respectives ) Glossaire : gouvernement |
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voir la carte (1024px x 584px - 200 ko) |
( Aller sur le site Gallica/BnF pour voir la carte entière)
La province de Guienne (publ. 1806)
La province de Guyenne
rassemblait :
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En revanche, dans le bas pays, prévalait une administration directe par l'intermédiaire d'organismes appelés « élections », dont les membres n'étaient pas élus mais pourvus d'un office royal, et propriétaires de leurs charges. Les élections gasconnes avaient été créées par Henri IV et Louis XIII.
Leur mise en place fut complétée par la création de nouvelles généralités. La première généralité de Bordeaux remontait à 1523; elle perdit successivement des pays et élections avec la création des généralités de Montauban en 1655 et d'Auch en 1716, notamment l'Armagnac, les Landes et le Marsan. De 1716 à 1768, la généralité d'Auch comprenait presque tout le territoire situé entre la Garonne et la ligne de crête des Pyrénées: élections de Rivière-Verdun, Lomagne, Comminges, Astarac, Armagnac, Landes; pays d'États ou abonnés des Pyrénées: Nébouzan, Quatre Vallées, Bigorre, Béarn, Navarre, Soule, Labourd et le Marsan dans la plaine landaise. C'était presque l'ancienne Gascogne.
La Guienne divisée en généralités (publ. 1774) (Extrait Galllica/BnF)
La province de Guienne comportait
deux généralités dites « d'Élections » :
Sénéchaussées de la Généralité de Bordeaux : Bordeaux, Bazas, Castelmoron, Albret (Nérac), Gascogne et Condom ville, Agenois (Agen), Périgueux (sénéchaussées secondaires : Bergerac, Sarlat), Libourne. Glossaire : Généralité, Élections, Sénéchaussée, taille, aides |
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voir la carte (1280px x 1024px - 600 ko) |
( Aller sur le site Gallica/BnF pour voir la carte entière)
Autres cartes anciennes de Guienne
: voir sur ce site
La Guyenne après la Révolution de 1789 |
Sous l'Ancien Régime, la Province de Guyenne rassemblait le Bordelais, le Bazadais, le Périgord, l'Agenais, le Condomois, le Quercy et le Rouergue. Ces pays formaient, au nord du bassin d'Aquitaine, une assez vaste province, allongée d'Ouest en Est, mais sans grande unité. Le 15 janvier 1790, la France est divisée en quatre-vingt-trois départements : les provinces perdent toute existence légale.
La province de Guyenne divisée en départements (publ. 1799)
La province de Guyenne comprend
cinq départements à peu près complets :
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La province de Guyenne constituait un ensemble fragile : « on sépara la Guyenne de la Gascogne parce qu'elle en est réellement distincte par ses caractères ethnographiques, aussi bien que par son histoire et sa topographie, différences qui existent également entre les divers pays guyennais, que certaines convenances politiques ont pu seules réunir depuis les trois derniers siècles du Moyen-Âge jusqu'à la Révolution. » (Guyenne et Gascogne - O.Reclus). Le morcellement en départements détruira cet édifice ...
L'Histoire de la Guyenne s'arrête en 1790.
La « Guyenne » d'aujourd'hui |
Aujourd'hui, le terme de Guyenne ne signifie pas grand-chose ... La
comparaison avec la Gascogne est cruelle : « L'âme gasconne est bien une réalité; la meilleure preuve en est le maintien
en vie du terme de Gascogne longtemps après la disparition de la province,
contrairement au terme de Guyenne, aujourd'hui complètement obsolète. »
(Yahoo! Encyclopédie - la Gascogne)
S'il existe aujourd'hui encore des Gascons, il n'a jamais existé de Guyennois (ou Guyennais)...
L'idée d'appartenance à l'ancienne province de Guyenne est bien oubliée en Quercy et Rouergue, à un degré moindre en Périgord, tous ces pays ayant une forte identité naturelle; elle est encore vive à Bordeaux qui en fut une brillante capitale. Le problème ne se pose pas en Haut Entre-deux-Mers, rattaché historiquement à la Gascogne.
Il n'en est pas de même en Haut - Agenais qui, à la recherche d'une
identité, a tenté d'exploiter le capital historique « Guyenne ». On trouve dans
la partie Lot-et-Garonnaise de la
vallée du Dropt des panneaux rappelant les étapes de cette quête : « i Pays de
Guyenne », « Circuit des châteaux et bastides en Guyenne », etc...
Le
site du Conseil Général du Lot-et-Garonne présente toujours ce
circuit (voir
image) dans la rubrique « Châteaux et Bastides en Guyenne
», avec détails de visite.
Aujourd'hui, « Pays de Guyenne » est détrôné par « Pays du Dropt » à vocation touristique et économique très officielle. De fait, les Offices de Tourisme ne connaissent plus le « Pays de Guyenne »; toute leur documentation est dédiée au « Pays du Dropt » (voir la page Pays du Dropt de ce site)
Le terme de « Guyenne » est certes obsolète, mais il survit :