Patrimoine lié à la rivière Les moulins du Dropt |
Nouveauté 2006 :
DVD de 80 minutes : «Les Moulins du Dropt de Capdrot à Eymet»
(voir jaquette ci-contre) |
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Sommaire de la page : les moulins du Dropt - les moulins fortifiés - l'aménagement de la rivière - moteurs hydrauliques - moulins en service - les ponts
Les moulins à eau |
L'équipement de la vallée en moulins à eau |
L'équipement de la vallée du Dropt en "moulins à eau" a été
considérable : moulins à blé ("à bled"), moulins à foulons (appelés
aussi "foulons", simplement ), moulins à
soufflets de forges ou à marteaux de forges, moulins à scieries, etc...
L'
« inventaire sur les moulins à blé, de l'An II à 1809 » est significatif : il répertorie 44 moulins pour la partie de la vallée allant de la source à la région de
Villeréal, avec 10 moulins pour la seule commune de Gaugeac !
1 - au moins soixante quinze moulins sur le Dropt lui-même (pour 66 barrages)
Les moulins encore en activité sont rares (trois ou quatre). Dépouillés de leurs machines, la plupart ont été transformés après restauration en résidences principales ou secondaires.
Les images ci-dessous donnent une idée de l'état actuel de ces moulins (source : « Les moulins en Lot-et-Garonne», site du Conseil Général, invitation à découvrir la richesse patrimoniale de ce département en se laissant emporter par ses moulins; avec l'aimable accord du Conservateur départemental du Service du patrimoine culturel ) è
« Une usine du Drot » : les moulins de Loubens
Certains de ces moulins étaient très importants, appelés
d'ailleurs "usines
du Drot" dans les archives du 19ème siècle,
particulièrement dans la basse vallée, avec
deux ou trois roues à cuve par usine.
Plusieurs barrages (Labarthe,
Loubens, Roquebrune, etc...)
faisaient tourner deux moulins, un
sur chaque rive (les propriétaires pouvant être différents); voire trois
moulins : un sur sur chaque rive et un sur une île (Saint-Batz).
Ci-contre, l'aménagement du barrage de Loubens (1825)
avec projet (qui sera réalisé) d'un deuxième moulin (noté
"petit moulin") sur la rive gauche. Image suivante ci-dessous: les deux moulins de Loubens, avec les arches en plein cintre de la galerie les reliant. |
Les
moulins de Loubens
côté aval (vue générale) | sortie des cuves et pertuis | galerie à arches | galerie à arches | vestiges pont médiéval |
Cliquer sur la miniature pour voir l'image en vraie grandeur
2 - "quelques" centaines de petits moulins pour les affluents :
Un inventaire précis de ces petits
moulins est impossible : ils sont
aujourd'hui en majorité abandonnés, souvent en ruines. et leur importance
modeste ne justifiait pas leur inscription sur les cartes anciennes.
Les archives peuvent parfois fournir des données
intéressantes : ainsi, au 19ème siècle, la Banège (modeste affluent de la rive droite,
arrosant Issigeac), longue d'une quinzaine de km, était équipée à elle
seule de quatorze moulins.
(archives départementales de la Dordogne)
Ces moulins (à farines et/ou à foulons) disposaient rarement d'un contrôle de niveau (absence de déversoir) et étaient équipés de vannes de dimensions parfois trop faibles. Il en résultait, lors de périodes de pluies, des débordements du bief entraînant les plaintes des riverains en amont qui voyaient leur prairies couvertes de limon et donc leurs récoltes de foin perdues).
La capacité de cet ensemble
excédait largement les besoins de la vallée. Il en résultait la nécessité
économique de "l'importation" de grains (Gers, Tarn, etc...) suivie de "l'exportation" des
produits de transformation.
La navigation du Dropt jusqu'à la Garonne permit le
développement de cette activité.
après visite de cette page, voir :
Répertoire
(avec photos)
des 75 moulins à eau du Dropt :
cliquer sur ce bouton è
Les moulins fortifiés de l'époque féodale |
Plusieurs des moulins du Dropt et de ses affluents datent de la période
féodale allant du XIIème au XVème siècles, où, de manière générale, la France
connaissait une incroyable multiplication des moulins à eau (20 000 à l'aube
du XIIème siècle, 70 000 à la fin du XVème siécle).
Beaucoup d'entre eux ont tourné jusqu'au début du XXème siècle.
Cette origine très ancienne explique l'existence de moulins fortifiés, comme celui de Bagas
sur le Drot ou de
la Salle à Cleyrac sur la Vignague (affluent arrosant Sauveterre).
Il s'agissait de moulins banaux : un "moulin
banal" est celui d'un seigneur, d'une
abbaye ou d'un ordre religieux, qui peuvent obliger tous les habitants à venir
y moudre le blé moyennant une redevance (éventuellement en nature). En contrepartie, le possesseur du moulin apportait la sécurité
dans l'approvisionnement en farine ou en huile par des fortifications de
défense contre les pillards et brigands qui infestaient le pays.
Moulin de Bagas |
Le moulin fortifié de Bagas fut construit au
début du XIVème siècle par les Bénédictins de La Réole. Il fut édifié de façon à permettre une défense
facile : implantation sur une île du Drot, porte d'entrée au premier
étage accessible par une passerelle légère, meurtrières en croix,
échauguettes, crénelage, etc....
Le moulin de Bagas est classé, et propriété privée.
Ce fut à la chaussée même de ce moulin que MM. Durassié et Troquard firent
en 1818 le premier essai de leur
"machine
à élever les bateaux".
Le moulin de Bagas aujourd'hui | Le moulin de Bagas hier, dans l'esprit de Viollet-le-Duc (1856) |
Source du dessin : Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de
l'architecture française du XIème au XVIème siècle (1854
- 1868) - tome 6. À l'époque du dessin, "les crénelages seuls étaient détruits,
les autres parties de la
construction étaient à peu près intactes" (Viollet-le-Duc, op. cité).
Léo Drouyn, dans son ouvrage "La
Guienne militaire" (1865), fournit des plans du moulin :
niveau 0 |
niveau 1 |
niveau 2 |
Le moulin a été édifié sur une île,
entre un bras du Dropt au Sud (où une écluse sera construite au 19ème siècle
pour la navigation) et le Dropt lui-même un peu plus au Nord. L'unique accès au
moulin et à
l'île consistait en un pont à bascule (K). En (D), le canal du
déversoir.
L'entrée du niveau 0 se faisait par une porte ogivale (E) à l'Est, la
porte (E) à l'Ouest conduisait au sous-sol (niveau des roues motrices). Tous ces accès
étaient exposés aux tirs des défenseurs, par les six meurtrières (m)
de ce niveau, par les meurtrières et autres défenses des étages.
L'escalier intérieur (moderne) conduisait au niveau 1; il a sans doute
remplacé une échelle de bois permettant d'isoler facilement l'étage.
Le niveau 1 est muni
a) au Sud, d'une porte d'entrée (P) à laquelle on
accédait par une passerelle extérieure; c'est par cette porte que les
grains entraient dans l'usine
b) à l'Ouest
d'une petite porte (p) qui s'ouvrait sur une galerie extérieure (probablement
limitée à la façade en aval )
c) de trois fenêtres (F),
de meurtrières (m), d'un évier (E) et de latrines (L), d'un escalier
intérieur (non figuré)permettant d'accéder au niveau 1)
Le niveau 2 comporte fenêtres (F), meurtrières (m) et une cheminée
(C). C'est de là que l'on accédait par un escalier aux combles et au
crénelage supérieur. Les échauguettes donnent à ce moulin son caractère.
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Projet de construction d'un pont en amont du moulin de Bagas (début 19ème siècle) |
Moulin de la Salle à Cleyrac |
Un moulin devenu château
Il est accolé à un « corps de logis » du XVIème siècle mais sa construction est bien antérieure, certainement du XIVème siècle. Vers 1800, le cours d'eau a été détourné, amputant ainsi cet édifice de sa fonction première. Il n'est plus aujourd'hui qu'une haute tour rattachée à l'ancien château de Cleyrac. Ce moulin devait être aussi important que celui de Bagas car sa fortification est extrêmement soignée. Les ouvertures sont rares et très étroites dans les deux premiers niveaux. Les deux étages d'habitation possèdent des latrines et des petites baies en lancettes géminées. Le sommet est couronné de mâchicoulis sur consoles et de pigeonniers dans les angles. » Comprendre LES MOULINS À EAU de
l'Entre-deux-Mers |
|
(agrandissement : cliquer sur l'image ci-dessus) |
Lire aussi un
article du journal "Le Monde"
(extraits) sur les moulins de
l'Entre-deux-Mers
L'aménagement de la rivière |
L'aménagement rationnel de la rivière, tel qu'il est observable aujourd'hui, date du 19ème siècle :
Schéma de principe d'aménagement :
1- la rivière 2 - le barrage (ou chaussée) 3 - le bief 4 - le canal du déversoir 5 - la deffuite (ou défuite) |
L'aménagement de la rivière est bien visible sur cette carte IGN à 1/25000 (3 moulins sur environ 2 km de Dropt en amont de Villeréal) :
"le vieux Dropt" matérialisé par la ligne pointillée (limite intercommunale)
un canal de dérivation pour chaque moulin
un canal d'écoulement pour le déversoir
Pour les petits moulins d'affluents, une simple
dérivation (sans barrage) suivant une ligne de niveau du relief (plus accentué
que pour le Dropt lui-même) suffisait généralement à créer la dénivellation nécessaire.
Les moteurs hydrauliques |
Les moulins du Dropt présentaient la particularité technique d'être pour la
plupart des "moulins à roues horizontales" , structure assez répandue dans le Sud de la France . |
La roue horizontale est placée au fond d'une cuve dans
laquelle l'eau pénètre tangentiellement à sa partie supérieure où elle agit
sur des aubes en forme de cuiller gauche (difficiles à usiner); la roue
n'est pas visible de l'extérieur, contrairement à la roue verticale vulgarisée par l'image.
L'axe vertical est branché directement (ou par l'intermédiaire d'engrenages
démultiplicateurs très simples) sur la meule tournante qui se trouve, dans le
schéma classique, en haut du moulin. Les grains broyés traversent les tamis
successifs en tombant sous l'action de leur poids.
L'installation était techniquement élémentaire, mais le
moteur peu puissant et le rendement énergétique médiocre ("il faut
beaucoup d'eau", disaient les meuniers); ce moteur était cependant
suffisant pour les besoins de l'époque.
Moulin à roue horizontale 1 - chèvre, potence 2 - trémie 3 - meule tournante 4 - meule dormante 5 - arbre vertical 6 - roue motrice 7 - vanne d'admission de l'eau 8 - voûte de la cuve 9 - huche à farines |
Moulins à roue horizontale en service |
1 - le moulin de la Salève
Ce moulin à farine du Dropt est situé sur
le territoire de la commune de Castillonnès. Il était équipé d'un "rouet" à
aubes en bois (rouet : roue hydraulique horizontale en cuve), en place encore
aujourd'hui, mais hors service. L'équipement actuel consiste en une turbine. Lorsque le débit du Dropt le
permet, l'énergie hydraulique assure le fonctionnement du moulin par mise en
rotation de la turbine; sinon, l'énergie électrique prend le relais.
Le moulin est équipé depuis 1911 de cylindres broyeurs mais
une meule en silex, entraînée par le rouet, fut utilisée
encore jusque vers les années 1970. Il fallait régulièrement piquer au marteau la surface
des
meules pour maintenir leur pouvoir de broyage. Les broyeurs à cylindre assurent
exclusivement aujourd'hui cette opération; une boîte-pont de camion assure le passage d'un axe de rotation vertical à un axe horizontal.
Le produit du broyage est transféré par dépression en haut
du moulin puis tamisé de haut en bas.
Le bief du moulin est créé par une
chaussée métallique dont la hauteur est réglée automatiquement par un dispositif électro-mécanique, de façon à minimiser les risques de crue en amont.
Ci dessous, quelques images de ce moulin.
Les
images ont été transformées en miniatures;
clic sur une miniature è visualisation
en taille normale.
le bief | la défuite | les pelles du déversoir | la chaussée |
la turbine | la meule en silex | les broyeurs | les tamis |
En
savoir plus sur les moulins, après visite de cette page :
Répertoire des 75 moulins à eau du Dropt :
cliquer sur ce bouton è
"Les moulins en
Lot-et-Garonne" :
cliquer sur ce bouton è
"Fédération Des Moulins de France" :
cliquer sur ce bouton è
2 - un moulin hors du temps : Scalagrand
Il s'agit d'un ensemble moulin - boulangerie, isolé sur les bords du Dropt, en aval de Villeréal, sur la commune de Mazières-Naresse. Le meunier - boulanger panifie la farine fournie par son propre moulin à roue horizontale. Sélection du grain, soin apporté à la mouture, au stockage de la farine, à la fermentation au levain de la pâte à pain, témoignent d'un savoir-faire hérité de plusieurs générations de "meuniers-boulangers de Scalagrand". Le four à sole est bien sûr chauffé au bois.
Rien ne laisse deviner l'existence d'une boulangerie : pas de panneau indicateur, pas d'enseigne, pas de vitrine, pas ... d'entrée visible (il faut contourner le bâtiment). Aucune publicité n'est nécessaire : la qualité de ce pain authentiquement "à l'ancienne" est telle que les initiés n'hésitent pas à faire de nombreux kilomètres pour s'approvisionner ... si la fournée n'est pas déjà entièrement vendue.
Le franchissement de la rivière
s'effectuait autrefois par gués (nombreux vestiges d'empierrement), par bacs ou
enfin par ponts, en bois (ils n'ont pas résisté aux outrages du
temps) ou en dur (ils ont parfois été emportés par les crues).
On trouve trace dans les archives de ponts à bascule
sur les écluses (écluses de l'Etourneau et de la Régie) et même d'un pont
tournant qui sera emporté par une crue (moulin
de Fargues).
Le tissu serré actuel des routes de campagne a entraîné
la construction d'un nombre élevé de ponts : plus de quarante ponts pour les
125 km de rivière.
La plupart de ces ponts sont de
construction assez récente (19ème siècle, début 20ème siècle) et
généralement sans intérêt archéologique ou esthétique à l'exception de deux d'entre
eux :
le pont roman d'Eymet (24)
le pont mi-roman mi-gothique de la Sauvetat-du-Dropt (47)
le pont Eiffel de Loubens (33) : il serait le dernier pont de ce type en France. En fait, seuls les arcs de charpente métallique (qui ne portent plus rien...) et la rambarde sont d'origine; ils ont été épargnés en raison de leur intérêt historique lors de la construction d'un nouveau tablier supporté par des poutres métalliques.
Pont roman à Eymet | Pont de La Sauvetat-du-Dropt (miniature) | Pont Eiffel à Loubens (miniature) |
Cliquer sur une miniature pour avoir l'image en vraie grandeur
Les ponts donnent de bons points de vue sur la rivière, généralement peu visible autrement en raison de la végétation incontrôlée qui couvre les rives.