Le bassin du Dropt |
La météo du jour —> |
Sommaire de la page :
la rivière -
son confluent -
son débit - ses crues -
sa réalimentation -
le bassin -
le climat -
à la recherche du Dropt
Situation géographique : |
La vallée du Dropt (prononcer "dro") est située dans le Sud-Ouest de
la France, au cœur du Bassin Aquitain. Le bassin s'étend en Guyenne sur
1346 km2, du Quercy au Bordelais, d'abord entre Périgord et Agenais
puis dans le Haut Entre-deux-Mers.
Le Dropt (ou Drot) est un affluent de
la rive droite de la Garonne, entre le Lot et la Dordogne. Il coule d'Est en
Ouest de Capdrot ("la tête du Drot" : cap,issu du latin caput,
désigne en ancien occitan la tête, la source), à Caudrot ("la queue du Drot" :
coa, issu du latin cauda, désigne en ancien occitan
l'extrémité inférieure, la queue).
La rivière du Dropt : |
Le Dropt naît à une altitude de 160 m, dans le massif compris entre les grandes vallées du Lot et de la Dordogne. Son cours s'étend sur 132,5 km, d'Est en Ouest, jusqu'à son confluent avec la Garonne à une altitude 6 m.
La faible dénivellation entre sa source et son embouchure (150 m pour une longueur de 132 km) en fait une paisible rivière de plaine toute en méandres, entièrement bordée d'arbres. De la source au confluent avec la Garonne, c'est un chapelet de barrages avec leurs anciens moulins, sans compter les petits moulins sur les affluents (cf.page "moulins").
Le confluent Dropt - Garonne ou "les caprices du Dropt" : |
Atlas dit « Atlas de Trudaine » (1745-1780) : le Drot se jette dans la Garonne entre Casseuil et Pas-St-George; Caudrot ("la fin du Drot" pour la toponymie) est loin de l'embouchure ...
Carte de Cassini (levés commencés en 1760) : le Drot se jette dans la Garonne au niveau de Casseuil; ce tracé est proche de celui de l'Atlas de Trudaine.
La carte de Belleyme (levés de 1762 à 1783) donne un bras de plus, entre le coude du Drot en aval de Gironde et un point entre les deux îles de la Garonne représentées sur la carte de Cassini : en 1768, le Drot en crue fait en effet irruption dans le lit de l'Escourret, ruisseau affluent de la Garonne. L'Escourret est alors considéré comme bras du Drot et classé (à tort) navigable, au grand dam des riverains qui perdent la propriété des berges et le droit de prélever des alluvions.
La
carte IGN montre que le Dropt se jette aujourd'hui dans la Garonne à Caudrot :
aux environs de 1800, son écoulement étant de plus en plus gêné par les
alluvions de la Garonne au niveau de Casseuil, le Drot prolonge son cours
jusqu'à Caudrot au milieu des terres d'alluvions. Le bas du bras de Casseuil sera
réhabilité plus tard pour les besoins de la navigation.
Le "delta" du Dropt se distingue parfaitement
sur la carte IGN : d'Est en Ouest, le bras de l'Escourret, le bras de Casseuil
avec son écluse, le bras de Caudrot.
Le débit du Dropt : |
L'absence relative de calcaires ou de grès perméables dans
son bassin a
de tout temps
entraîné une alimentation insuffisante en eaux vives : "
Le Drot, que trop peu de belles sources vivifient, est lent, lourd et sans clarté"
(Dictionnaire géographique et administratif de la France - édition de 1892)
;"c'est une eau
lente, souvent immobile ou presque, dans son lit vaseux derrière les digues de
ses 65 usines" (La France à vol d'oiseau
- O.Reclus, géographe 1837-1916)
Cette situation s'est aggravée avec le
tarissement de nombreuses sources et la captation de la source à très gros débit
de La Brame, près de Monpazier, aux fins d'adduction. Vers les années 1980, des
étés secs ont même asséché le lit de la rivière, à l'exception de quelques
"trous" profonds, interdisant ainsi toute possibilité d'irrigation des cultures.
Situation actuelle : (sources : Agence de l'eau Adour-Garonne, DIREN Aquitaine)
Le Dropt a un débit moyen annuel de 4 à 5 m3/s assorti de fortes variations saisonnières. Le débit estival peut atteindre les valeurs critiques suivantes (données fournies par la station de relevés de Loubens) :
A l'opposé, le débit peut atteindre des valeurs très élevées en période de crues : 79,6 m3/s le 18 janvier 2004. À ces crues correspondent des hauteurs d'eau très importantes : 6,40 m le 10 mars 2006 .
Débits journaliers 2007 (en m3/s) mesurés
à Loubens :
(source : banque HYDRO)
Écoulements mensuels 2007 (débits
moyens en m3/s) mesurés à Loubens :
(source : banque HYDRO)
01/07 | 02/07 | 03/07 | 04/07 | 05/07 | 06/07 | 07/07 | 08/07 | 09/07 | 10/07 | 11/07 | 12/07 |
4,38 | 18,80 | 12,70 | 3,31 | 4.98 | 4,74 | 0.69 | 0.69 | 0.49 | 0.64 | 0.67 | 3.09 |
Écoulement annuel 2007 (débit moyen en m3/s) mesuré à Loubens : 4.510 m3/s (source : banque HYDRO)
*************
Débits journaliers 2008 (en m3/s) mesurés
à Loubens :
(source : banque HYDRO)
Écoulements mensuels 2008 (débits
moyens en m3/s) mesurés à Loubens :
(source : banque HYDRO)
01/08 | 02/08 | 03/08 | 04/08 | 05/08 | 06/08 | 07/08 | 08/08 | 09/08 | 10/08 | 11/08 | 12/08 |
10.40 | 3.71 | 4.85 | 14.5 | 15.7 | 9.72 | 1.38 | 0.80 | 0.76 | 0.68 | 3.25 | 6.54 |
Écoulement annuel 2008 (débit moyen en m3/s) mesuré à Loubens : 6.030 m3/s (source : banque HYDRO)
*************
Débits journaliers 2009 (en m3/s) mesurés
à Loubens :
(source : banque HYDRO)
Écoulements mensuels 2009 (débits
moyens en m3/s) mesurés à Loubens :
(source : banque HYDRO)
(le débit n'a
pu être mesuré le 25 janvier : hauteur de crue = 6.69m à 12h ! ; écoulement
janvier estimé à 14.58 m3/s pour le calcul de l'écoulement annuel)
01/09 | 02/09 | 03/09 | 04/09 | 05/09 | 06/09 | 07/09 | 08/09 | 09/09 | 10/09 | 11/09 | 12/09 |
xxxx | 6.37 | 3.84 | 11.10 | 5.65 | 1.01 | 0.72 | 1.05 | 0.57 | 0.53 | 4.75 | 8.31 |
Écoulement annuel 2009 "estimé" (débit moyen en m3/s) mesuré à Loubens : 4.87 m3/s (source : banque HYDRO)
*************
Débits journaliers 2010 (en m3/s) mesurés
à Loubens :
(source : banque HYDRO)
Écoulements mensuels 2010 (débits
moyens en m3/s) mesurés à Loubens :
(source : banque HYDRO)
01/10 | 02/10 | 03/10 | 04/10 | 05/10 | 06/10 | 07/10 | 08/10 | 09/10 | 10/10 | 11/10 | 12/10 |
16.4 | 13.3 | 6.44 | 7.16 | 0.55 | 0.59 |
Les crues du Dropt : |
Cette paisible rivière fut autrefois sujette à des colères terribles,
emportant ponts, chaussées et même moulins, en particulier en basse
vallée. Quelques exemples trouvés dans les archives :
1er juin 1744 : "époque d'une crue d'eau où il
périt dans le Drot 100 personnes à la traversée du grand chemin du bourg
de Gironde, malheur qui fit condamner un homme à la potence..." (il s'agit
du naufrage accidentel du bac de Gironde). "Le passager cause de cette
noyade s'appelait Gargouille")
1763 : "la nuit du 22 au 23 juin, le Drot reçut une
telle quantité d'eau du côté haut que le 23 au matin, jour de marché à
Monségur, l'eau vint si rapidement et si abondamment que l'on aperçut de loin
une espèce de mascaret. Beaucoup de personnes occupées à sauver le foin se
noyèrent. Toutes les terres nouvellement travaillées furent emportées par des
torrents jusqu'à la terre dure; tout était ruisseau partout."
1770 : "le débordement du Drot a causé des dégâts
considérables : beaucoup de bétail noyé, des maisons et des moulins entraînés
par le torrent (sic!), sans compter la perte de la récolte à venir,
[...], les églises basses de certaines paroisses couvertes d'eau, entièrement
gâtées par la boue que les eaux ont entraînée au point qu'on les prendrait
pour des champs" (cette crue du Drot coïncidait avec une des plus
terribles crues de la Garonne)
Plus proches de nous, 1875, 1910, 1955, 1971 et 1977 sont
des années de grandes crues.
Ces débordements n'épargnaient pas les petits affluents : la Bournègue
tirerait son nom de l'inondation d'un hameau (en occitan "negua" = noyer,
inonder); sur la même Bournègue, plaintes des riverains - en amont du moulin
de Cervole - contre le meunier accusé de provoquer des inondations
dévastatrices pour leurs récoltes en négligeant d'ouvrir les vannes de
son moulin par temps de fortes pluies.
La structure argileuse de la plus grande partie du bassin, favorisant le ruissellement, est à l'origine de la fréquence des crues. On a compté encore six crues pendant l'hiver humide 2000/2001, mais des crues atténuées par les lacs - réservoirs de régulation du débit du Dropt (voir ci-dessous) et par les très nombreuses retenues collinaires pour irrigation établies par les agriculteurs .
La réalimentation du Dropt : |
Pour les besoins de l'agriculture, un aménagement exemplaire du bassin a été réalisé avec création sur des affluents de lacs réservoirs d'une capacité totale de 15,1 millions de m3 : lacs du Brayssou (56 ha, 3 millions de m3), de la Ganne (35 ha, 1,6 million de m3), de la Nette (27 ha, 1,2 million de m3) , de Graoussettes (36 ha, 1 million de m3) sur la Dourdenne, de l'Escourroux (112 ha, 8,3 millions de m3) près d'Eymet. Ces réserves permettent de soutenir les étiages d'été et d'atténuer les crues d'automne et de printemps.
Les lacs de réalimentation du Dropt vus par satellite (source Google Earth)
Cliquer sur la miniature pour voir l'image en vraie grandeur (l'échelle est la même pour toutes les images)
L'exemple du lac de la Nette, qui s'étend sur 3
communes (Cavarc (47), Boisse (24) et Monmarvès (24)) permet de saisir
l'importance des travaux effectués : bassin versant de 7,5 km2, surface noyée
= 27 ha, volume d'eau stocké = 1 200 000 m3, hauteur d'eau = 11,5 m, barrage :
hauteur = 13,85 m, largeur à la base = 110 m, longueur = 370 m.
Cliquer sur une miniature pour obtenir l'image en vraie grandeur :
Sur l'ensemble du bassin versant, le volume annuel des prélèvements pour
irrigation est limité à 1 700 m3
par hectare irrigable.
L'hiver 2001/2002 ayant été sec, le déficit de niveau au printemps 2002
dans tous ces lacs est supérieur à 2 m ... Au 31 octobre 2002, le lac du
Brayssou était à 41 % de sa capacité maximale, celui de l'Escourroux à 26 %.
En avril 2003, après de fortes pluies hivernales, les lacs étaient à nouveau
pleins. Au début de l'automne 2003, après un été caniculaire , le taux
de remplissage n'est que de 17% sur l'ensemble des retenues du Dropt (7 % pour
le lac sur la Dourdenne).
Le Dropt a constitué au XIXème siècle une voie navigable en aval d'Eymet, utilisée pour le transport de marchandises. La présence des nombreuses chaussées de moulins avait entraîné des investissements considérables, disproportionnés aux besoins. Cette activité a complètement disparu, victime du rail, puis de la route. Le "port" d'Eymet est bien conservé, quai de la Navigation.
Le faible débit du Dropt et sa morphologie (nombreux barrages réduisant le
débit) le rendent très sensible à l'eutrophisation, induite par les apports de
phosphates et de nitrates et amplifiée par de longues durées de séjour dans les
nombreux biefs. La contamination globale par les pesticides est assez modérée
avec néanmoins des pointes de pollution notables lors des périodes de traitement
(printemps essentiellement)
Le tableau ci-dessous donne la qualité des eaux
superficielles pour le Dropt (1998-1999 - source : Agence de l'Eau Adour
Garonne)
La jussie, qui se
développe dans les eaux faiblement courantes, a déjà été observée dans
le Dropt près de Monségur. Cette plante amphibie à prolifération
incontrôlable, se propage à une vitesse vertigineuse sous forme de
grands herbiers denses, quasiment impénétrables. La biodiversité est progressivement réduite car la jussie supplante les espèces locales; la qualité physico-chimique des eaux se dégrade au point de menacer la survie des poissons. |
Aujourd'hui, il est certain que le Dropt est une rivière malade; le schéma
directeur de gestion des étiages cherche à remédier à cet état.
Il est bien loin le temps où (dit-on...), sous Louis
XIV, on ne servait à Versailles que des carpes du Dropt.
Le bassin du Dropt : |
Dans sa première moitié, le Dropt suit approximativement la ligne de séparation entre les départements de la Dordogne et du Lot-et-Garonne; son parcours se termine en Gironde.
La plaine alluviale proprement dite reste de proportions modestes (largeur de
l'ordre du kilomètre à mi-parcours). Le bassin (largeur maximale de l'ordre
d'une vingtaine de km) est constitué de vallonnements assez doux,
molassiques
ou calcaires : sur la rive Sud, principalement
boulbènes
et
terreforts
, sur la rive Nord principalement terrains calcaires. La structure
géologique du bassin du Dropt est très complexe, avec de nombreuses
particularités locales. La nature de ces sols confère au bassin sa vocation
agricole.
La population des neuf cantons qui constituent le bassin du
Dropt était en 1999 de 41 454 habitants, soit environ 27,5 h/km2 (la moitié de
la densité de population du département de Lot-et-Garonne).
L'absence de ville, même seulement "moyenne", dans le
bassin du Dropt accentue le caractère rural de la région. Miramont-de-Guyenne et
Eymet font figure de capitales avec respectivement 3360 et 2552 habitants ...
Les autres "centres urbains" comptent entre 1000 et 1500 habitants.
Le climat de la vallée : |
L'hiver est doux (les grands froids et la neige sont exceptionnels) et
humide ( brouillards et bruines).
Le printemps est la
saison des pluies (près de la moitié des précipitations annuelles).
L'été est sec et chaud,
pénible par temps orageux.
L'automne (octobre) est
peut être la période la plus agréable : sec, encore chaud, et la lumière est
très belle. Stendhal ne comparait-il pas l'Agenais à la Toscane...
A la recherche du Dropt : |
Le "Petit Larousse2000", les grandes encyclopédies (Memo Encyclopédie Larousse,
Microsoft Encarta, Encyclopaedia Universalis) ignorent le Dropt, dans le corps
du texte et dans les cartes !
Le "Petit Robert des noms propres", "le Dictionnaire
encyclopédique Hachette", les éditions antérieures du "Petit Larousse"
permettent d'affirmer :
le Dropt existe !. On y apprend qu'il naît
dans le Sud du Périgord, qu'il traverse Eymet et conflue en aval de La Réole
(Petit Robert), enfin qu'il est utilisé pour l'irrigation (Hachette).
Mais bien difficile de situer le Dropt sur une carte de
France physique (relief ou fleuves). Au mieux le lit est tracé mais sans
indication de nom; ou bien les sillons du Dropt et de ses affluents sont
parfaitement visibles, mais sans tracé (France physique IGN à 1: 2 500 000 ); au
pire, rien n'est visible...
Trouver le Dropt
sur cette carte... (I.G.N France Physique) |
Des raisons d'un mépris :
Le Dropt appartient pour son malheur au groupe des affluents de la rive droite
de la Garonne, nombreux, issus des Pyrénées (Ariège) ou du Massif central (Tarn,
Lot, Dordogne), longs, puissants, à grande renommée touristique par les gorges
de leur partie supérieure et qui ont tous donné leur nom à un département.
Le Dropt est une rivière de plaine, assez courte, seule
de son espèce sur cette rive; il ne traverse aucune ville importante capable de
rivaliser avec Bergerac et Villeneuve (sur la Dordogne et le Lot) et il n'est
longé par aucune route touristique prestigieuse pouvant lui faire partager la
manne touristique des régions voisines. Enfin le Dropt n'existe toujours pas en
tant que département...
Finalement, c'est peut-être ce qui lui a permis de rester un petit paradis pour ceux qui font l'effort de venir découvrir sa vallée.
Naguère, les bords du Dropt inspiraient les poètes... (Paul Maryllis -1902)