Pêche et ... braconnage |
Sommaire de la page : braconnage?- pêche à la main - engins - forcée - saison sèche - grenouilles
Pour connaître d'autres formes de braconnage :
en rivières, ruisseaux et mares, http://braco.valleedudropt.com/page1.htm
; en champs, haies et bois, http://braco.valleedudropt.com/page2.htm
Pêche |
Le Dropt était naguère une rivière aux eaux calmes et claires. Les poissons abondaient : poissons blancs ( assées , cabot , gardons, mules, brèmes, carpes...), poissons de vase (tanches, anguilles...), carnassiers (calicobas, perches, brochets...), poissons de fritures (vairons, goujons, ablettes...).
Les gens du Dropt pêchaient, c'est certain; mais très rarement à la ligne !...
La pêche à la ligne est aujourd'hui essentiellement une pêche de loisir. Certaines
espèces ont disparu ou sont en voie de disparition (assées, cabots, calicobas),
d'autres ont été introduites (sandres); les anguilles se raréfient. Les
sociétés de pêche procèdent à des alevinages réguliers (gardons, carpes,
brochets, etc...).
Le Dropt est un site important pour le
toxostome
(Chondrostoma toxostoma) - voir la
fiche réseau hydrographique du Dropt
sur le site de Natura 2000.
Une prise étonnante ! | Une prise effrayante ! ALERTE ROUGE ! | ||
Moule des
étangs (anodonte) (longueur = 14 cm) prise à la ligne (!) dans le Dropt (été 2000) |
Écrevisse de Californie*, prise dans le Dropt (Saint-Quentin) à une ligne à poisson blanc (août 2002). |
*
l'écrevisse de Californie (tache blanche à la commissure des pinces) est une
espèce susceptible de provoquer des déséquilibres biologiques graves. Elle
peut être porteuse saine de la peste des écrevisses et donc mettre en péril
les dernières populations d'écrevisses autochtones; elle détruit également
les alevins des poissons. Son
transport et sa commercialisation en vivant sont interdits.
Un envahisseur ! (corbicula
fluminea)
Ce coquillage bi-valve, originaire de l'Asie du
Sud-Est, est arrivé en Europe vers la fin des années 90. C'est un envahisseur
qui prolifère à grande vitesse en l'absence de concurrents et de prédateurs (en Garonne, au niveau de Langon, on a compté près de 200
corbicula/m2 !). Hermaphrodite, incubateur, il libère ses larves au bout de quatre à cinq
jours, larves "nageuses" et donc propres à la dispersion. Il est très résistant aux pollutions mais a besoin d'une eau riche en oxygène
(forte mortalité dans certaines rivières au cours de la canicule de l'été
2003). |
Actualités (été 2004) : les envahisseurs s'installent entraînant une baisse de la biodiversité !...
• augmentation significative des prises d'écrevisses ... à la ligne; en particulier, prise d'écrevisses de Louisiane, reconnaissables à leur couleur rouge, agressives, carnassières voraces. Creusant de profonds terriers dans les berges, elles contribueront à la déstabilisation des berges déjà bien abîmées par les ragondins
• trouvé non loin de la rivière un autre envahisseur redoutable : une tortue de Floride adulte d'une quinzaine de centimètres de diamètre. La tortue de Floride, carnivore (batraciens, alevins, mollusques, etc...), présente un danger écologique.
• l'envahissement par corbicula fluminea se confirme.
• l'arrivée de la grenouille taureau est annoncée (elle est apparue en Gironde et Dordogne)
• observé plusieurs cadavres de carpes dérivant au fil de l'eau !... (phénomène inhabituel)
Braconnage ? |
Matériel de base |
"Braconner = pêcher sans permis, ou en temps et lieux prohibés, ou avec des engins
défendus". |
Les faits rapportés se passaient autrefois, "autrefois" c'est à dire vers le milieu du siècle dernier : il y a prescription !. Tous les engins décrits ont été utilisés et les actes de braconnage pratiqués dans ma famille. Ce panorama rassemble des souvenirs personnels et ne prétend donc pas être exhaustif.
Aujourd'hui, le braconnage se
pratique encore (trémails, nasses, cordes), mais l'action des gardes-pêche est
de plus en plus efficace. Certains n'hésitent pas à parler de délation,
climat impensable naguère...
La pêche à la main |
La pêche à la main était peu pratiquée, la rivière aux
fonds vaseux n'offrant pas d'autre cache aux poissons que les
"cavernes" creusées sous les berges par le courant (pourtant
modeste). Dans les parties peu profondes, ces excavations étaient explorées à
la main.
Dans les zones plus profondes, le pêcheur accroché par les mains à la
végétation de la rive, explorait "aux orteils"; lorsqu'il sentait un
poisson (qui ne bougeait pas du tout au contact du pied !), un compère complice
plongeait en suivant la
jambe et saisissait le poisson aux ouïes.
L'auteur de ces lignes et son cousin J. ont ainsi "pêché" une carpe-miroir de 3,5 kg...
Les engins de pêche |
• l'épervier : filet de pêche classique, dont le lancer à la main demandait une certaine habileté. En fin de journée, un coup d'épervier en deux ou trois "coins" tenus appâtés et le repas du soir était assuré.
• la "corde" : simple fil solide, amarré à la rive, terminé par un fort hameçon, avec pour esche un gros ver de terre, un paquet d'asticots ou une boule de composition tenue secrète..; posée à la tombée de la nuit, levée à la pointe du jour, par prudence et pour éviter les (réels ?) décrochages du petit matin. Toutes sortes de prises ; carpes, tanches, anguilles, brèmes, etc..
• la"
nasse
": de toutes formes et de toutes tailles; de
fabrication artisanale pour les (très) grands modèles; généralement faite
de grillage; amorcée à l'aide de boules constituées de pain ou de
repasse
, de bouse de vache, de terre un peu lourde, avec quelques vers de terre et
asticots. Pour tous poissons ...
Les nasses n'étaient retirées de la rivière qu'en période de basses eaux.
• le
trémail
(forme locale de "tramail") : filet
classique, de toutes longueurs, de toutes hauteurs, de toutes dimensions de
mailles (fonction du poisson pêché); tendu en travers du Dropt à l'aide
d'un très long bambou ou tout simplement en se mettant à l'eau (quand la
température le permettait); posé à la tombée de la nuit, levé au petit
matin (voir plus haut "corde").
Achetés dans le commerce, ces filets avaient la maille "réglementaire"
(sic) de 27 mm; les pêcheurs du Dropt en espéraient des
circonstances atténuantes en cas de flagrant délit (toujours possible...).
• l'araignée (ou "triandière", de trian = goujon en patois) : formée d'une nappe de filet de faible hauteur (0.50 m par exemple), à maille en fil très fin (maille "réglementaire" de 10 mm de côté), pour la pêche de nuit des goujons, dans les gués, à l'époque du frai. Les poissons s'engagent dans les mailles et se prennent surtout par les ouïes.
• le "trassou" : filet court (1 m environ) tendu entre deux bâtons. Le trassou était inséré verticalement (les bâtons étant horizontaux) dans un massif d'herbes à carpes, plante aquatique où les carpes aiment frayer; une carpe prise dans le trassou s'épuisait à vouloir entraîner le filet, freiné par les bâtons emmêlés dans les herbes. Il n'y avait plus qu'à ramasser le paquet au petit matin.
• l'anguillère : ce terme désigne ordinairement un vivier à anguilles ou
bien une nasse à anguilles. Il s'agit ici d'un piège à anguilles
édifié et utilisé naguère par les meuniers pour capturer des quantités
importantes d'anguilles (plusieurs dizaines de kg par opération). Le dispositif (
voir image
), constitué de plusieurs grilles à claire-voie (en bois ou
métalliques) savamment disposées à contre-pente les unes des autres, est placé à
la sortie de pelles placées sur le bord du bief, proches du moulin. A la bonne
saison (migration), avec une eau convenable (boueuse), l'ouverture des pelles
crée un courant que suivent les anguilles retenues alors par cette sorte de
"tamis".
Plusieurs moulins possèdent aujourd'hui encore une anguillère
opérationnelle, mais leur utilisation semble interdite.
La forcée |
Vraie opération
commando (estivale): deux "pêcheurs" en action dans la rivière et un
guetteur chargé de surveiller les flotteurs des filets et accessoirement
de s'assurer de l'absence à l'horizon visible d'indiscrets
(de tout poil).
Le principe : barrer un secteur d'une cinquantaine de mètres de long à l'aide
de deux filets et battre la rivière de façon à chasser le poisson vers les
filets.
La méthode : les filets sont mis en place silencieusement et simultanément;
les pêcheurs, partant ensemble d'un des deux filets, percutent violemment l'eau -
chacun sa rive - jusqu'à l'autre filet, à l'aide de
"bouladous"
(bâtons terminés par un talon de botte), en visant particulièrement les
"cavernes" sous les rives dans l'espoir d'en déloger les (sûrement
gros)
poissons qui s'y cachent. Le guetteur encourage éventuellement les acteurs si
"ça bouge" au niveau des flotteurs !
Après un aller et retour, il n'y a plus qu'à lever les filets, et ...
recommencer un peu plus loin si nécessaire.
Efficacité redoutable ...
Cette méthode a toujours été prohibée : "il est interdit de faire
usage, pour déloger le poisson, de rames, perches ou autres instruments"
(archives du Drot - fin
19ème siècle)
Saison sèche |
Un été très sec pouvait faire
tarir le Dropt ... L'eau résiduelle était alors localisée dans les (anciens)
profonds, où se trouvaient - pouvait-on penser - les poissons rescapés.
Il suffisait, armé d'une épuisette, de fouiller ces trous d'eau pour en
retirer du poisson.
Dans le cas de bassins un peu trop grands pour cette méthode artisanale, les
trous d'eau étaient vidés à la pompe (à main ou même à moteur!).
Parfois, se produisait un tarissement "artificiel" du Dropt lorsqu'un minotier levait les pelles du moulin. Il suffisait d'être un de ses amis ...
La pêche aux grenouilles |
Une nuit d'été sans lune.
Une barque à fond plat.
Une lampe à acétylène.
Deux "pêcheurs", l'un conduisant le bateau, l'autre éclairant les
massifs de feuilles de nénuphars.
Les grenouilles, éblouies par la
lumière, cueillies à la main ...